« Cela fait quelques années que l’on entend parler d’un tsunami réglementaire. Et bien, il arrive avec le Pacte vert pour l’Europe qui met notamment en avant la nécessité de préserver les ressources. Cette approche va avoir un impact sur nos produits et nos organisations. » Voilà posé le cadre de l’économie circulaire par Pascal Vinzio, vice-président technologie et affaires extérieurs de KSB, et président du Conseil Scientifique et Technique du Cetim.
Nouveau règlement sur l’écoconception, sur l’écodesign des produits durables passeport digital des produits (DDP)…, les textes s’accumulent avec leur cortège d’exigences qui vont toucher tous les secteurs industriels partout en Europe.
D’où la nécessité, pour ne pas subir, de se montrer proactif, en apportant des réponses techniques ou normatives aux exigences réglementaires, comme pour l’efficacité énergétique. « Nous avons fait d’immenses progrès sur le rendement des pompes et l’adaptation de leur fonctionnement au juste besoin des utilisateurs, illustre Pascal Vinzio. Et nous avons travaillé avec efficacité sur l’usage des ressources, en utilisant moins de matières et en recourant au recyclage. »
Mieux caractériser les produits tout au long de la chaîne de valeur
Pour bon nombre de produits comme les pompes, le principal impact environnemental ne se situe pas au moment de la fabrication mais à celui de son utilisation. La réglementation oblige les industriels à mieux caractériser les produits tout au long de la chaîne de valeur, au travers de l’Analyse du cycle de vie (ACV) qui oblige à examiner le produit depuis sa conception jusqu’à sa récupération et son recyclage en fin de vie. « Cela nécessite de disposer de données très précises, pour repenser la conception, la fabrication, la commercialisation en vue d’une utilisation vertueuse du produit, d’une durabilité et d’une réparabilité, insiste Pascal Vinzio. L’un des enjeux, c’est faire travailler mécaniciens et électroniciens pour mieux formaliser les données. » Illustration : les travaux de normalisation sur le DDP s’effectuent au niveau européen au sein du CEN-CLC/JTC 24, un comité technique joint entre la filière générale (multisectorielle) et la filière électrotechnique.
« Les Français sont plutôt précurseurs avec l’indice de réparabilité »
Ouvert à tous les mécaniciens quelles que soient leur production ou leur utilisation, le GT UNM 01 sur l’économie circulaire travaille sur cette thématique suivant quatre axes :
- rappeler et clarifier ses concepts et leur déclinaison à la mécanique ;
- identifier le référentiel normatif, le consolider et expliquer l’articulation entre ces normes ;
- étudier la possibilité d’appliquer des normes sur la base de projets pilotes de produits de la mécanique ;
- faire remonter les méthodologies obtenues et les besoins dans les normes générales.
En pré-normalisation, le groupe de travail réfléchit sur la transposition aux produits mécaniques, des normes EN 4555x sur l’efficacité des matériaux, ainsi que sur un projet sur l’évaluation de la durabilité des produits mécaniques (basé sur l’EN 45552). « Avec le Cetim, nous travaillons sur la transposition de l’EN 45552 pour l’évaluation de la durabilité des pompes, et sur l’EN 45554 pour l’évaluation de la réparabilité des appareils de robinetterie. D’une manière générale, les Français sont plutôt précurseurs avec l’indice de réparabilité qui résulte des travaux des experts du Cetim. »
La normalisation en matière d’économie circulaire est donc en pleine effervescence, avec des sujets communs à tous les secteurs industriels, telle la méthodologie pour justifier la disponibilité de pièces de rechanges garantissant la réparabilité d’un produit. D’autres sont spécifiques au produit pour répondre à des exigences différentes : par exemple, la réparabilité d’un robinet est plus importante que sa durabilité, à l’inverse d’une pompe.